Rapport de l’Amiral Casabianca, IGSNR d’EDF

L’Inspection Générale de la Sûreté Nucléaire et de la radioprotection, a été créée en 1982. Elle est dirigée par un Inspecteur Général (IGSNR).
Paradoxalement, c’est une inspection qui n’inspecte pas, mais qui a une capacité de sensibilisation et d’influence au plus haut niveau de l’Entreprise, sa particularité étant de se fondre pour voir et écouter au plus près du terrain où elle passe plus de la moitié de son temps. La culture de l’IGSNR est essentiellement orale.

Depuis le début de l’Inspection, tous les Inspecteurs Généraux qui la dirigent sont issus d’organismes extérieurs à EDF : CEA, Direction de l’Aviation civile, Officiers généraux de l’Armée de l’Air ou de la Marine. L’Inspecteur Général a porte ouverte en tous lieux et en toute réunion, notamment les réunions des Directeurs d’Unité de la Direction de la Production nucléaire (DPN) ou de l’ex-Direction de l’Ingéniérie Nucléaire (DIN), y compris dans les filiales comme British Energy.
Il relève directement du Président d’EDF à qui il rend compte. Il n’a pas de lien hiérarchique avec l’Inspection Nucléaire de la DPN.

L’IGSNR a une totale liberté dans la programmation de ses activités, y compris pour ses visites à l’étranger. L’essentiel de sa production est son rapport annuel destiné au président d’EDF dans lequel il présente son appréciation de l’état de la sûreté et de la radioprotection dans le Groupe concernant l’année précédente. Ce rapport est, en fait, le fruit d’un travail collectif effectué par l’IGSNR lui-même et les 4 ou 5 Cadres Supérieurs d’EDF qui l’entourent.

Le Président n’intervient pas dans la rédaction du rapport annuel. L’IGSNR peut aussi être mandaté par le Président pour auditer un site ou analyser un incident précis en lien avec la sûreté. Parmi ses autres casquettes, L’IGSNR est secrétaire général du conseil de la sûreté nucléaire (CSN) présidé par le président d’EDF qui se réunit tous les 2 mois. Il représente aussi EDF au sein du Haut Conseil pour la Transparence et l’Information sur la Sûreté Nucléaire (HCTISN) créé par la loi de 2006 ou encore lors des sessions de la Convention sur la sûreté à l’AIEA.

Vous trouverez ci-dessous, le lien permettant d’accéder au rapport annuel de 2024 rédigé par l’Amiral Casabianca IGSNR actuel ainsi qu’une vidéo de présentation du rapport.

Pour ma part, deux points du rapport ont particulièrement attiré mon attention :
– dans pages 12 et 13 l’Amiral Casabianca ne mâche pas ses mots sur l’arrivée massive de nouvelles sources d’électricité renouvelables (EnR), à la fois intermittentes et prioritaires sur le réseau, qui a multiplié les variations de charge des réacteurs qui ne sont pas sans risque sur la sûreté du système électrique (dont le blackout) ni sans contrainte sur le fonctionnement de nos installations. À long terme, elles remettent en cause le modèle économique,
– en page 20, « Le besoin crucial de réviser les RGE* (Règles Générales d’Exploitation) me parait un point aussi très important de ce rapport.

Actuellement dit-il, on doit d’avantage passer par les STE que par la machine, les connaissances des règles a pris le pas sur celles de la machine.…et justement le rapport préconise de choisir entre la lettre et le sens !…un plagiat de la deuxième épître de St Paul aux Corinthiens, la lettre tue, l’Esprit vivifie ?
André Lacroix
* Pour mémoire, les RGE de l’EPR de Flamanville comportent 13 chapitres et 4 000 pages alors celles des derniers réacteurs construits avant l’an 2000 comportent 4 chapitres et 400 pages !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.